Une petite pause [PV : Jackie M. Kennedy]

J'adorais mon métier. Être le directeur et le rédacteur en chef du Telegraph était vraiment une chance inouie pour moi. J'en étais vraiment conscient. Mais j'étais également conscient qu'il y avait un manque dans ma vie.. L'amour.
La semaine au journal avait été dure et longue, et le besoin de m'oxygèner était grand. Je décidais donc de m'accorder une pause, et d'aller me promener au parc.
Avant que je sois surmené par mon travail, je passais la plupart de mon temps libre ici. Je regardais les canards dans l'étang, assis sur le banc. J'adorais aussi regarder les gens passés, et plus particulièrement les familles et les couples, je m'imaginais, quelques années plus tard, à leur place.
Et pourtant, aujourd'hui, j'étais là, à la même place et avec la même occupation, mais seul.
Je n'avais toujours pas rencontré la femme de ma vie, et fondé ma famille.
Certes, j'avais beaucoup évolué sur le plan de ma carrière, mais après tout, la vie sentimentale et sociale était, elle aussi, importante.
J'étais donc assis sur ce banc, en face de l'étang, et regardais les gens passer de l'autre côté de l'eau.
Enfin.. Je regardais plutôt dans le vide, à réfléchir.

Un banc, de l'eau et deux amis ...

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Perdu dans mes pensées, je fus surpris de sentir un baiser sur ma joue.
Je me retournais donc et vis Jackie. Ca me faisait vraiment plaisir de la voir là.
Je m'étais toujours bien entendu avec elle, et elle était une très bonne amie.
Je me demandais parfois même, si elle n'était pas plus qu'une amie. Mais je ne voulais pas me l'avouer, si c'était pour souffrir, il valait mieux oublier cette idée.
Je lui souris donc quand elle s'assit à côté de moi.

Salut ! lui répondis-je.
Tu vas bien ?

Je trouvais bizarre qu'elle ne soit pas avec Noah, son fils. Je lui demandais donc où il était.

Noah n'est pas avec toi ?

Ca va très bien aussi.

Elle me dit donc que Noah était chez Silver. Je l'aimais vraiment beaucoup ce petit. Le feeling était directement passé dès que Jackie me l'avait présenté.
Elle était donc seule aujourd'hui, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Oh mais pas seule pour longtemps ! Je suis là maintenant, lui dis-je en souriant.
Eh nan, Mr L'acharné comme tu dis, a décidé qu'il avait le droit à un peu de repos. J'ai passé une semaine horrible et en tant que directeur.. Je peux décider de mes pauses.
Mais bon.. Tu me connais.. Là, je ne suis pas trop tranquille, je n'aime pas laisser le journal comme ça, dis-je en faisant la moue.

Et toi ? En vacances ?

Oh tu sais, ce n'est pas toujours la belle vie d'être son propre patron ! Surtout quand tu as un journal à sortir tous les jours, et beaucoup d'employés à gérer.
Mais bon, j'aime énormément mon métier, alors ces points négatifs, j'essaye de les oublier.
Et puis un jour, tu pourras être ton patron. Je te vois très bien le faire.
Et puis tu sais, Noah va grandir, alors tu auras un peu plus de temps pour toi.

Quand je repensais à sa vie, comparée à la mienne, nous n'avions pas du tout les mêmes. Parfois j'aurai voulu me consacrer à ma famille plutôt qu'à mon travail. Mais la vie en avait décidé autrement, et ça n'allait sans doute pas changer d'aussi tôt.
Malheureusement pour moi..

Je sais qu'ils peuvent se débrouiller sans moi.. Mais j'ai besoin de m'occuper de ça. Tu sais, je n'ai finalement que ça dans ma vie..
Toi tu as ton fils, quelque chose qui te retient chez toi par exemple. Moi, je n'ai que mon travail.. Même mes amis je les vois moins souvent.
D'ailleurs, ça me fait énormément plaisir de te voir.

Je souris à sa dernière remarque.

Ah donc je peux t'appeler Madame L'acharnée ! Tu pouvais dire de moi.

Elle posa sa main sur la mienne quand je lui disais que je l'enviais qu'elle ait autre chose sur quoi se rattacher à part son travail.
Je voyais que ça lui tenait à coeur d'être un jour son propre patron. Et je voulais l'aider.
Après tout, j'avais peut-être une idée à lui proposer, à elle de juger si ça lui plaisait ou pas.

Si tu veux.. On peut s'associer. Enfin je veux dire qu'on peut créer une radio pour le Telegraph, et tu serais ton propre patron.
Tu aurais des employés sous tes ordres, et tu monterais ça avec l'argent du journal.

Je ne savais pas du tout si elle allait accepter, mais au moins, je lui avais proposé mon aide pour réaliser ses souhaits. Elle serait à son compte, tout en préservant l'avenir de son fils.

J'espère que j'aurai cette chance d'avoir une famille.. Mais je sais qu'en me concentrant sur ma carrière, j'ai du louper des occasions. Et maintenant je me rapproche de la trentaine, et toujours rien. Je me vois vieillir, seul..

Sa main était toujours sur la mienne. Ca faisait maintenant quelques instants, et à vrai dire, j'aurai voulu qu'elle la laisse là encore un petit moment.
J'étais bien avec elle, mais j'avais trop peur de gâcher notre amitié en tentant quelque chose.
Je souris à sa dernière remarque. C'est vrai qu'on était pareils, c'était sans doute pour cela qu'on s'entendait si bien.

Eh oui.. Madame La Passionnée et Mr L'Acharné, normal que nous soyons amis alors !

Prends ton temps pour réfléchir. Je ne veux pas de réponse maintenant.
Même si c'est dans un an que tu te sens prête, la porte du journal t'es toujours ouverte, et tu le sais !

Elle me prit dans ses bras. Décidément, j'aimais de plus en plus les contacts avec elle. Si j'avais pu, je ne l'aurai pas lâchée. Je ne savais pas vraiment ce qu'il se passait. Je pensais que je la considérais comme une amie, mais apparament, je ne voulais pas m'avouer que mes sentiments étaient plus forts que ça.
Allez Alex, reprend toi.

C'est vrai que je peux compter sur toi de ce côté là ! Je sais ton côté pot de colle, dis-je en riant.

J'aimais bien la taquiner. Jamais ce n'était méchant entre nous, c'était vraiment pour rire.

Bon et sinon.. Quoi de neuf dans ta vie ? Tu as fait des rencontres ?

Je ne sais pas pourquoi, mais j'espèrais qu'elle réponde non à ma dernière question. C'était comme égoïste de ma part, mais je ne la voulais que pour moi..

Je souris à sa remarque. Ca me faisait du bien de la voir, elle me redonnait le sourire en dehors du travail. Ce n'était pourtant pas gagné !

Va pour la chieuse qui veut le bien de ses amis alors. Ca te correspond très bien aussi, dis-je en riant légèrement.

J'aurai du me douter de sa réponse, elle méritait pourtant le bonheur et de rencontrer un homme qui la comblerait.

Ne dis pas que c'est bête. Tu as totalement raison de te protéger, on ne sait jamais sur qui on peut tomber.. En tout cas, j'espère que tu rencontreras le bon, tu mérites d'être heureuse avec un homme.

Je lui fis un fin sourire, après tout c'est vrai que je voulais son bonheur. Elle me retourna la question. Moi non plus je n'avais pas rencontré de femmes. A vrai dire, je n'avais pas pris le temps d'en rencontrer, mon travail me semblait plus important. Du moins, jusqu'à maintenant..

Personne non plus.. Mais à vrai dire, je n'ai pas vraiment cherché à en rencontrer..

Peut-être qu'il te l'a déjà mis sur ta route mais tu ne t'en aies pas encore rendue compte.. C'est possible tu sais ! Et puis des fois, il faut mieux attendre plutôt que d'être mal accompagnée.

Je disais beaucoup de choses, mais la plupart je ne les suivais pas. C'est vrai, peut-être que moi aussi le destin avait mis sur ma route la personne avec qui j'allais faire ma vie, mais je n'avais sans doute pas saisi ma chance. Toujours le nez dans le travail, et me voilà toujours célibataire à presque 29 ans.

Tu as raison.. Mais tu sais que mon travail est très important pour moi ! Et encore plus depuis que je suis passé directeur du journal ! Je n'ai pas vraiment le temps de rencontrer du monde.. Et puis pour être honnête, mes collègues ne sont vraiment pas terribles ! dis-je en riant.
Et pourquoi chercher ? Peut-être que l'amour n'est pas très loin..

Mais Alex, qu'est ce qu'il te prend là ? Et voilà.. Mon coeur reprend le dessus sur ma raison. J'en ai encore trop dit, et ça va me retomber dessus.. Mais bon tant pis, maintenant c'est trop tard, on verra si elle relève ma dernière remarque, en espérant que non..

Je sais bien, et tu as totalement raison ! Allez, je vais me prendre en main, et j'aurai surement besoin de toi.

Oh oui, j'aurai besoin d'elle.. Je crois même, que c'est elle que je voulais. Mais comment avouer ? Non, je ne pouvais pas le faire, nous étions amis et c'est tout. C'était déjà bien, c'est vrai. Mais un peu plus ne me déplairait pas..
Pense à autre chose Alex, et arrête tes sottises !

Et tu sais quoi ? Ma secrétaire.. J'ai choisi la plus moche ! Comme ça, je reste concentré sur mon travail, et mes employés par la même occasion ! Je sais que je ne dois pas être normal dans ma petite tête.. Il y avait des jolies filles qui se sont présentées, mais je ne voulais pas qu'on croit que je l'ai choisi, justement parce qu'elle est belle.. Alors, je me suis basé sur le bon CV !

Comme je le craignais, elle avait repris ma remarque. Je souris à ce qu'elle dit, j'aurai voulu que ça soit moi. Mais si ça l'avait été, nous serions ensemble déjà, enfin je crois..
Nous étions destinés à rester amis, et seulement amis. De bons amis certes, mais pas plus.

Oh non, pas le papy quand même ! Tu mérites beaucoup mieux.
Et je suis entièrement d'accord.. Parfois, on cherche loin, sans se rendre compte que ce qu'on souhaite est avec nous..

Allez, encore un sous-entendu.. Je ne sais pas ce que j'avais aujourd'hui. Mon côté fonceur commençait à sortir, et les dégâts n'allaient sans doute pas tarder !

Elle voulait m'aider... J'appréciais vraiment, mais à vrai dire, je ne savais pas vraiment comment elle pouvait le faire.

Pour le moment, je ne sais pas trop comment tu pourrais m'aider, mais je vais y réfléchir, sois en sûre !
Et pour revenir à la prison et la discrimination, tu as entièrement raison ! C'est d'ailleurs pour ça que j'ai choisi la meilleure, et je ne regrette pas du tout mon choix. Quitte à ne pas voir une jolie fille tous les matins.. Mais finalement, je m'en fiche royalement ! Quand je suis au travail, c'est pour travailler, comme son nom l'indique !, dis-je en souriant.

Jackie parlait beaucoup, elle m'avait fait la confidence une fois, que quand elle était nerveuse, elle parlait beaucoup. Mais l'était-elle maintenant ? Et pour quelles raisons ?
Sans doute pas pour les miennes que moi..

Puis elle me dit que ce qu'elle attendait était peut-être près d'elle depuis longtemps.
Je la regardais l'air interrogateur, mais je vis qu'elle avait baissé la tête.
Que devais-je faire ? Suivre mon coeur, qui me poussait à tout lui avouer, ou bien ma raison qui me disait de me retenir pour préserver notre amitié ?
Dans les deux cas, j'étais coincé, et surtout perdu. Je ne savais que faire.
J'étais du genre plutôt fonceur, alors je décidais de me lancer..

Pour moi.. Je ne pense pas, je suis plutôt sûr que ce que j'attends est près de moi depuis longtemps..

Je préférais laisser un peu de temps avant de continuer, pour voir sa réaction et si ça valait le coup vraiment de poursuivre.

Oui, ce n'est pas du tout mon genre de faire ça. Je suis content que tu en sois consciente !

Je n'aimais pas la voir douter comme ça. Je savais qu'elle allait être heureuse, elle le méritait plus que tout le monde. Elle qui avait vécu des choses horribles dans le passé, avait le droit à son moment heureux aussi.
Elle me demanda ma recette, je n'en avais pas malheureusement. Mais j'étais maintenant plutôt sûr que c'était elle qui pouvait me rendre heureux.
Je vis qu'une larme coulait sur sa joue. Elle était malheureuse, et de la voir dans cet état, me rendait malheureux aussi.
J'essuyais la larme qui coulait avec mon pouce.

Je ne veux pas que tu te mettes dans ces états Jackie, ton tour viendra aussi et je n'ai pas de recette, je suis juste mon coeur. Et mon coeur me dit de faire quelque chose.. Mais je ne sais pas si c'est vraiment raisonnable. Pour une fois, je ne veux pas regretter mon choix..

Je la regardais, droit dans les yeux maintenant. J'espèrais qu'elle comprendrait, que si j'en étais aussi sûre, c'est parce qu'elle était là, à mes côtés.

Je suis sûr que tu as un peu de courage au fond de toi..

Après tout, tout le monde avait un peu de courage, même s'il était bien câché. Et je savais que Jackie était une battante.
Nous nous regardions maintenant, elle essayait de parler, mais elle ne trouvait sans doute pas grand chose à dire, et moi non plus à vrai dire.
Elle m'avait dit de suivre mon coeur, et c'est ce que je décidais de faire.
Quitte à le regretter plus tard.. Au moins, je serai fixer.
Je lui coupais donc la parole, et décidais de l'embrasser.
J'allais sans doute regretter mon geste, elle allait me repousser, et notre amitié allait vivre un vide pendant quelques temps.
Quel idiot je suis..

Je m'étais finalement lancé, j'étais anxieux, c'est vrai, mais je me rendis compte que j'avais toujours voulu ça en fait. Je ne sais pas vraiment comment elle allait réagir, mais j'avais l'impression qu'elle prolongeait ce rapprochement entre nous, jusqu'à ce qu'elle se détache de moi et me dise qu'on ne pouvait pas.
Je fus d'abord déçu.. Puis je comprenais sa réaction, c'est ce qui m'avait fait hésité.

Je sais qu'on est amis.. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai hésité à me lancer, mais je me suis dit qu'on pouvait tenter notre chance.. dis-je finalement gêné.Et tu veux que je te réponde honnêtement ? Oui, je nous vois très bien ensemble !
Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas être heureux ensemble, je veux dire, comme tu le dis, on se connaît depuis longtemps, alors pourquoi pas tenter autre chose ?

Je baissais la tête, est-ce que j'avais compromis notre amitié ?

Excuses-moi..